La prescription d’antipsychotiques chez les patients déments en Ehpad, bien que parfaitement hors AMM, est largement répandue.
Selon une étude menée par le Dr Anne-Sophie Philippe (Marseille), elle concernerait au moins 15 % des patients déments (soit 6 fois plus que les non-déments du même âge), malgré le peu d’efficacité et des effets secondaires importants parmi lesquels un doute persistant sur le risque cérébrovasculaire (pour 1 000 personnes traitées 12 semaines, on observerait 100 AVC dont 50 sévères, auxquels s’ajoutent 80 nouveaux troubles de la marche).
Le plus souvent la prescription répond à des troubles du comportement : agitation (56 % des cas), agressivité (50 %), opposition aux soins (38 %), déambulation (28 %). Heureusement, il s’agit d’une monothérapie dans 93 % des cas fondée à 80 % sur des antipsychotiques de 2e génération tels la rispéridone, la quétiapine et la loxapine.
Plusieurs alertes ont été lancées par l’ANSM et la HAS pour sensibiliser à l’usage inapproprié. Le Dr Philippe a apporté sa pierre à l’édifice dans 30 Ehpad de sa région en remettant aux médecins traitants un document d’information, la brochure AMI (Alerte et maîtrise de la iatrogénie) et une fiche-résident. Un mois plus tard, les antipsychotiques avaient été arrêtés dans 15 % des cas et modifiés sur 19 % des ordonnances. Reste à suivre ces modifications dans le temps…
Pas plus d’une semaine Pour la chercheuse, il faut identifier le trouble du comportement, sachant qu’il change avec le temps et la progression de la démence. Un patient « anxieux » ne doit pas être étiqueté comme patient agité. « Ces patients ne sont pas psychotiques ! Les neuroleptiques sont un traitement symptomatique des situations urgentes, aiguës », s’insurge la généraliste. Selon elle, les prescriptions ne doivent pas dépasser une semaine, à des doses très inférieures aux indications psychiatriques, et sans décroissance car il n’y a pas de phénomène de sevrage sur des prescriptions ainsi conduites. « Le traitement au long cours des troubles du comportement repose sur l’aménagement de l’environnement », insiste-t-elle, citant les bons résultats des TCC et des stimulations multisensorielles type Snoezelen, même si ces approches sont consommatrices de temps et nécessitent une formation. Et de conclure : « Les neuroleptiques sont les cache-misère des Ehpad. »
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