Après plusieurs décennies de bons et loyaux services, l’intradermo-réaction à la tuberculine (IDR) est-elle en passe d’être détrônée par les tests IGRA (Interferon Gamma Release Assays) ? Avec plus de 1 800 publications dédiées, ces nouveaux venus font en tout cas de plus en plus parler d’eux et leurs propriétés sont aujourd’hui bien documentées. Pour autant, « on manque encore de consensus quand à la meilleure stratégie à adopter entre interféron gamma et IDR » souligne le Pr Christophe
Delacourt (Paris).
Par rapport à l’IDR, ces tests ont une très bonne spécificité en population générale non exposée (95 à 96 % versus 56 %). En revanche, en cas de suspicion de tuberculose maladie, cette spécificité baisse pour atteindre 80 % pour le Quantiféron et 60 % pour l’Elispot, tandis que leur sensibilité, si elle est bonne (de l’ordre de 84 à 88 %), ne diffère pas radicalement de celle de l’IDR. Pour le diagnostic de tuberculose maladie, « les tests interféron ne modifient donc pas vraiment les prouesses de l’IDR », résume le Pr Delacourt. Et sauf cas particuliers ils ne sont pas d’une grande aide dans ce contexte ».
Avantages potentiels
Pour le diagnostic des infections latentes (ITL) les données les plus récentes sont, en revanche, très favorables. Dans ce cadre, « ces tests sanguins très sensibles et spécifiques permettent de réduire le nombre de patients mis sous chimiothérapie antituberculeuse sans augmenter le risque développer une tuberculose maladie », indique le Pr Bertrand Dautzenberg (Paris).
Autres avantages potentiels de ces tests par rapport à l’IDR : leur meilleure reproductibilité, l’absence d’interférences avec la vaccination par le BCG et, surtout, une réalisation en un seul temps contrairement à l’IDR qui impose une étape de lecture du résultat à 72h. Mais, tout comme l’IDR, ces tests restent dépendants du statut immunitaire du sujet et ne permettent pas de différencier une infection ancienne d’une infection récente, ni d’exclure une tuberculose infection ou une tuberculose maladie en cas de résultat négatif.
En 2011, le HCSP a élargi leur utilisation en les préconisant pour le dépistage des ITL chez les sujets contacts d’un cas de tuberculose dès l’âge de 5 ans, chez les patients infectés par le VIH ou devant être mis sous anti-TNF alpha, chez les migrants âgés de 5 à 15 ans ou chez les professionnels de santé à l’embauche en cas d’IDR supérieur à 5mm. Le HCSP précise aussi que, sauf cas particulier, les tests IGRA ne sont pas indiqués dans le diagnostic de la tuberculose maladie. Ils pourraient toutefois être utilisés dans certains cas comme l’aide au diagnostic des tuberculoses maladie du jeune enfant en complément des autres investigations. Reste que, pour le moment, ces tests ne sont toujours pas remboursés…
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