L’événement était attendu de longue par tous les acteurs de la médecine d’urgence en France. Et il est devenu réalité avec un arrêté en date du 13 novembre 2015, qui entérine la création d’un DES de médecine d’urgence. « Pour nous, c’est évidemment une grande satisfaction car cela fait longtemps que nous réclamions la mise en place de ce DES. La création du DESC en 2004 avait déjà été une étape cruciale. Car cela marquait une reconnaissance universitaire réelle de la médecine d’urgence. Mais pour nous, il s’agissait d’une première étape vers la reconnaissance pleine et entière de notre spécialité », explique le Pr Bruno Riou (CHU Pitié-Salpêtrière, Paris), président de la Collégiale nationale des universitaires de médecine d’urgence (CNUMU) et doyen de la faculté de médecine de l’université Pierre et Marie Curie.
Avec la création de ce DES, d’une durée de 4 ans, la France comble un retard qui était devenu difficile à comprendre. En effet, 19 pays européens ont déjà reconnu la médecine d’urgence comme une spécialité, tout comme les États-Unis, le Canada ou l’Australie. « Dans de nombreux pays, la formation est d’une durée de 5 ans. Avec ce DES, on rattrape une partie de notre retard, mais nous aurions bien aimé pouvoir nous aussi former nos urgentistes sur 5 ans », souligne le Pr Riou.
Mis en place dans le cadre de la réforme du 3e cycle de médecine générale, le DES devrait entrer en vigueur à la rentrée universitaire de 2017. Pour l’instant, le nombre d’étudiants qui seront autorisés à suivre cette formation, n’est pas arrêté. « Cela va faire l’objet de négociations avec le ministère. Le nombre de postes pour ce DES sera celui de places offertes à l’Examen national classant (ENC) puisque désormais la médecine d’urgence sera filiarisée. Nous sommes actuellement en train de peaufiner notre analyse de la démographie médicale et des besoins en formation pour les années à venir, en lien avec SAMU et Urgences de France, le principal syndicat du secteur », précise le Pr Riou.
Mais, pour les urgentistes, le nombre d’internes admis dans ce DES, ne pourra pas être inférieur à 300. Ce chiffre correspond en effet à celui des étudiants qui, en moyenne, obtiennent chaque année le DESC de médecine d’urgence.
D’une durée de deux ans, ce DESC est suivi dans la quasi-totalité par des étudiants en DES de médecine générale. « Au début du DESC, environ 97 % des étudiants inscrits provenaient du DES de médecine générale. En 2013, ce pourcentage était supérieur à 99 %. C’est une information qui sera également importante à prendre en compte quand il faudra décider de l’origine des postes d’internes offerts au choix de la médecine d’urgence, dans le cadre de l’examen national classant. Il est clair que notre DES permettra aux autorités de réguler le flux de médecins urgentistes entrant dans la carrière ainsi que le flux de médecins généralistes », souligne le Pr Riou.
Le projet de maquette pour ce DES a été rédigé et remis dès 2010 à la Commission nationale de l’internat et du post-internat. Dans sa forme actuelle, il prévoit un enseignement de quatre ans, répartis en trois phases. Une première phase socle (un an) visera à mettre l’étudiant dans des conditions permettant d’évaluer sa motivation et ses capacités à poursuivre un cursus dans la spécialité. La phase d’approfondissement (deux ans) aura pour objectif de préparer l’étudiant à exercer des fonctions en responsabilité. Et la phase de mise en situation (un an) sera celle où le futur urgentiste devra acquérir son autonomie. « Il y aura bien sûr plusieurs stages durant ces quatre années, et pas uniquement dans des services d’urgence, des SMUR ou en SAMU. En phase socle, l’étudiant pourra effectuer un semestre dans des services de médecine interne, de gériatrie ou de médecine polyvalente d’urgence… Comme pour le DESC, il devra aussi faire un stage aux urgences pédiatriques ou dans un service de pédiatrie générale avec une activité d’urgence. Il y aura aussi toujours un stage en réanimation ou en soins intensifs », indique le Pr Riou.
À l’avenir, ce DES ne sera pas obligatoire pour exercer dans un service d’urgence. « Les médecins généralistes non titulaires du DES pourront toujours travailler aux urgences, notamment pour la régulation du centre 15. Mais il faudra être urgentiste et donc titulaire du DES pour assumer la responsabilité d’un service ou d’une unité fonctionnelle », précise le Pr Riou.
D’après un entretien avec le Pr Bruno Riou (CHU Pitié-Salpêtrière), président de la Collégiale nationale des universitaires de médecine d’urgence (CNUMU) et doyen de l’université Pierre et Marie Curie
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