LE QUOTIDIEN : 135 groupements hospitaliers de territoire (GHT) ont été constitués en 2016. Combien sont-ils aujourd’hui ?
HERVÉ TANGUY : Nous en comptabilisons désormais 136 suite à deux créations et une absorption. Et ils seront sans doute 134 à la fin de l’année après deux regroupements en Rhône-Alpes. Les mouvements sont donc quantitativement marginaux. Autre chiffre important, les dérogations accordées par les ARS, aux centres hospitaliers spécialisés par exemple, sont passées de 27 en 2016 à 18 aujourd’hui.
Quel est le bilan qualitatif des GHT ?
Sept ans après la réforme, la force des GHT est leur ancrage dans le paysage sanitaire. Les achats hospitaliers se déroulent par exemple exclusivement au niveau des groupements. La crise sanitaire a également mis en lumière l’importance de ces organisations en matière d’approvisionnement en médicaments ou de gestion des lits. En 2019, la création des commissions médicales de groupement (CMG), qui élaborent les projets médicaux partagés, et l’intégration de la gestion de la ressource humaine médicale aux mutualisations obligatoires ont aussi renforcé les GHT. J’ajoute que l’étude de Jan Chrusciel (1) a clairement mis en évidence une mobilité accrue des patients au sein des GHT entre 2014 et 2019, confirmant ainsi le bien-fondé de la stratégie de prise en charge graduée.
Quelles sont les évolutions attendues ?
Les projets médico-soignants partagés de deuxième génération sont en cours d’élaboration et nous avons exprimé trois souhaits : un contenu augmenté, un resserrement du nombre de filières de soins identifiées comme prioritaires et une ouverture vers les secteurs privé, médico-social et de l’hospitalisation à domicile. Sur ce dernier point, la complémentarité entre les GHT et les 750 groupements de coopération sanitaire, qui regroupent public et privé, est un atout. Je conclurai en évoquant la typologie des coopérations de l’Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) qui mentionne, après la mutualisation des ressources et la création de parcours de soins cohérents, le maintien d’une offre de soins de proximité. Cet élément est fondamental et les premiers travaux sur les futures périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP) confirment que l’on réussira à marier le « T » de territoire et le « P » de proximité.
(1) « Association entre la mise en place des Groupements hospitaliers de territoires (GHT) et la mobilité des patients dans le réseau hospitalier français », revue d’épidémiologie et de santé publique, mars 2022.
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