Soixante médecins dans la première promotion du DIU médecine esthétique

Publié le 25/04/2025
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En majorité généralistes et gynécologues, 60 médecins se sont lancés en janvier dans le premier diplôme interuniversitaire en médecine esthétique de France.

Crédit photo : GARO/PHANIE

C’est la grande nouveauté de ce début d’année. En janvier, le tout premier DIU de médecine esthétique a ouvert ses portes réelles et digitales à 60 médecins. Ils étaient 350 à candidater à cette formation de deux ans, portée par les universités de Paris-Est Créteil, Aix-Marseille et Bordeaux.

Présidente du Collège des enseignants en dermatologie de France, la Pr Marie-Aleth Richard a participé à la mise en œuvre du DIU pendant plus d’un an. Et elle croule sous les sollicitations. « Beaucoup de médecins et chirurgiens nous contactent pour avoir des informations sur le diplôme, même à l’étranger ! Comme cette formation est la seule porte d’entrée autorisant la pratique de la médecine esthétique, on devrait vraiment avoir un afflux massif dès la rentrée prochaine », imagine la PU-PH d’Aix-Marseille.

Si des formations courtes à des actes particuliers existent déjà (DU de techniques d’injection et de comblement en chirurgie plastique et maxillo-faciale, implantation capillaire, agents physiques en médecine esthétique, etc.), le concept d’un diplôme unique autorisant la pratique de la médecine esthétique dans sa globalité à des médecins non-dermatologues et non chirurgiens plasticiens remonte « à plusieurs années », d’après la Pr Richard. Mais tout s’est accéléré au printemps 2024, lorsque l’ancien ministre de la Santé et neurologue Olivier Véran a annoncé sa reconversion dans la médecine esthétique – avant d’y renoncer après le tollé général. « Nous avons reçu une injonction de l’Ordre pour créer ce diplôme : l’objectif était d’éviter les dérives, à la fois de collègues qui n’avaient pas la légitimité d’exercer la médecine esthétique mais aussi à cause des complications et accidents liés à de mauvaises pratiques », résume la dermatologue.

L’Ordre a donc validé le DIU pour une durée de cinq ans, jusqu’en 2030. Quant au nombre de médecins formés, il pourra être revu par les conseils nationaux professionnels. Médecins généralistes, gynécologues, et quelques rares spécialistes ont déjà rempli la première promotion. Les admis suivront 88,5 heures de théorie en présentiel et en ligne (anatomie, peau, consultations esthétiques, complications, déontologie) et 80 heures de stages dédiées aux injectables, peelings, lasers et autres techniques esthétiques. « Avec ce diplôme, on ne vient pas entraver une activité, seulement la réguler avec une plus-value qualitative », analyse le Pr Jean-Paul Meningaud, chirurgien plasticien missionné par le Cnom pour inaugurer le diplôme.

Sortir du « monde sauvage »

Signe que la légitimité du DIU grandit, trois autres universités devraient y participer dès la rentrée prochaine. Mais si ce diplôme est un « premier pas nécessaire pour sortir du monde sauvage dans lequel on était », il n’en reste pas moins qu’une réflexion devra s’engager sur le long terme, insiste la Pr Richard, qui coordonnera la deuxième promotion. « Aujourd’hui, tous les médecins inscrits à l’Ordre avec trois ans d’ancienneté dans une discipline clinique peuvent candidater, conclut-elle. Les demandes proviennent de biologistes, de médecins du travail, d’anesthésistes-réanimateurs. Certains médecins veulent changer de métier pour se diriger vers la médecine lucrative. La certification est une assurance pour eux et pour les patients, mais à l’avenir, un cadre plus précis et des ajustements seront nécessaires pour le DIU. »

Pauline Bluteau

Source : Le Quotidien du Médecin