C’EST EN 1911 qu’Emil Kraepelin, psychiatre à Munich, donna le nom de son confrère Aloïs Alzheimer à un tableau de démence précoce associé à des lésions cérébrales spécifiques. Un siècle plus tard, en 2010, B. Dubois et coll. (groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris) ont estimé qu’une nouvelle définition de la maladie pourrait permettre une sélection précoce des patients pour des essais cliniques. Dans cet esprit, la définition de la maladie d’Alzheimer devrait faire appel à une nouvelle terminologie à condition d’intégrer des biomarqueurs qui constitueraient la clé du diagnostic (1). Au stade présymptomatique, en effet, des modifications structurelles sont déjà détectables par IRM, ainsi que des anomalies fonctionnelles, décelables par tomographie par émission de positons, alors qu’un taux faible de peptide amyloïde bêta peut être mis en évidence dans le liquide céphalo-rachidien (2). L’un des intérêts de cette démarche est l’obtention d’une meilleure définition des groupes témoins dans les essais cliniques.
Un test spécifique, nommé IHD-Amy, a été mis au point pour permettre l’identification de la présence d’une interaction entre le peptide amyloïde bêta et la membrane des globules rouges grâce à une sonde peptidique fluorescente. Cette interaction est très spécifique de la maladie d’Alzheimer, selon les résultats d’un premier essai clinique présentés lors des sessions scientifiques 2011 de l’International Conference on Alzheimer’s Disease (ICAD). Cette étude a porté sur 108 participants, 32 volontaires sains et 18 personnes atteintes de sclérose en plaques ou d’une démence non Alzheimer et 58 personnes atteintes de la maladie. Selon ses résultats, la sensibilité du test est de 83 % et sa spécificité de 82 %. La valeur prédictive positive du test est de 84,6 % et sa valeur prédictive négative de 80,4 %, l’aire sous la courbe ROC atteignant 0,9103.
Dans un premier temps, des tests de diagnostic seront développés pour l’analyse en routine aux stades préclinique et clinique de la maladie. En fin d’année, le test IHD-Amy sera proposé en service externe aux établissements hospitaliers et à des sociétés de recherche. À moyen terme, les tests seront commercialisés sous forme de kits pour diffusion à grande échelle, la mise sur le marché des premières trousses de diagnostic étant prévue pour 2013.
D’après la conférence de presse organisée par Innovative Health Diagnostics.
Références
(1) Dubois B, et coll. Revising the definition of Alzheimer’s disease: a new lexicon. Lancet Neurol 2010 ; 9 (11) : 1118-27.
(2) Aisen PS, et coll. Clinical core of the Alzheimer’s disease neuroimaging initiative: Progress and plans. Alzheimer’s and Dementia 2010 ; 6 (3) : 239-46.
Article précédent
Alzheimer : les critères diagnostiques actualisés
Article suivant
La maladie d’Alzheimer peut-elle être transmissible ?
Alzheimer : les critères diagnostiques actualisés
Un nouveau test sanguin, sensible et spécifique
La maladie d’Alzheimer peut-elle être transmissible ?
L’insuline intranasale testée dans l’Alzheimer
Sept facteurs modifiables d’Alzheimer
Une piste thérapeutique visant le tryptophane
Alzheimer : critères diagnostiques actualisés
La protéine bêta amyloïde aurait une origine hépatique
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024