Une demi-dose d’AOD suffit

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Publié le 25/04/2025
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En prévention d’une récidive de maladie thromboembolique veineuse, nombre de patients à haut risque peuvent réduire leur traitement anticoagulant oral (AOD) à une demi-dose.

Les événements hémorragiques et thrombotiques combinés sont réduits d’un tiers

Les événements hémorragiques et thrombotiques combinés sont réduits d’un tiers
Crédit photo : PHANIE

L’étude Renove montre que, chez la plupart des patients à haut risque de récidive de maladie thromboembolique veineuse (embolie pulmonaire [EP] et thrombose veineuse profonde [TVP]), continuer le traitement anticoagulant au long cours en utilisant un anticoagulant oral (AOD) à demi-dose est bénéfique (1).

Dans cette étude randomisée contrôlée menée sur 2 800 patients au décours d’un traitement initial à dose curative de six mois minimum, le risque relatif (RR) de récidives d’EP + hémorragies cliniquement parlantes est en effet significativement réduit d’un tiers (RR = 0,67) pour les patients poursuivant le traitement par une demi-dose. Il faut néanmoins rester prudent chez les sujets obèses ou ayant un antécédent d’EP grave, chez qui un surrisque thrombotique ne peut pas être totalement écarté, d’après les analyses en sous-groupes.

Commentaires du Pr Francis Couturaud* (Brest)

Un bénéfice net

Dans cette étude, 90 % avaient eu une EP, dont un cinquième était sévère ; deux fois sur trois, la thrombose était idiopathique (pas de circonstance clinique déclenchante) et un tiers des patients en étaient au deuxième ou troisième épisode. On est donc bien dans des EP à haut risque de récidive.

Mais, sur cinq ans de suivi, les taux de récidive sont de 1,8 % dans le bras AOD à dose pleine, vs 2,2 % dans le bras à demi-dose, soit des taux bien inférieurs à ceux attendus. Résultat, le critère de non-infériorité n’a pas été atteint en termes de récidives. Néanmoins, les hémorragies cliniquement parlantes nécessitant une prise en charge sont nettement réduites, de 39 %. Soit un critère combiné, récidives + hémorragies, significativement réduit de 33 %.

On peut donc raisonnablement adopter les demi-doses chez la plupart de nos patients. En attendant que le projet européen Morpheus – qui démarre – nous donne un nouveau score de risque de récidive permettant de proposer, à l’avenir, un traitement anticoagulant personnalisé.

Propos recueillis par P. S.

* CHU de Brest, directeur de l’unité Inserm U1304-Getbo, coordinateur du réseau français F-Crin Innovte et du projet européen Morpheus

(1) Couturaud F et al. Extended treatment of venous thromboembolism with reduced-dose versus full-dose direct oral anticoagulants in patients at high risk of recurrence: a non-inferiority, multicentre, randomised, open-label, blinded endpoint trial. Lancet 2025; 405,10480:725-35


Source : Le Quotidien du Médecin