Congrès de l’ESC : le cœur malmené des Françaises jeunes, fumeuses et obèses

Publié le 27/08/2012
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Crédit photo : S. TOUBON

Le déclin remarquable de la mortalité à 30 jours par infarctus du myocarde en France, de 68 % au cours des quinze dernières années, est lié à l’amélioration des techniques de reperfusion avec un recours plus fréquent à l’angioplastie primaire, mais pas seulement. Étienne Puymirat, Nicolas Danchin (Hôpital européen Georges-Pompidou, Paris) et coll. montrent un rajeunissement de la population victime d’infarctus en France. Les caractéristiques démographiques changent au fil des ans. Les femmes de moins de 60 ans, fumeuses et obèses, représentent une nouvelle population cible.

Présentée aujourd’hui en séance plénière au congrès de l’European Society of Cardiology et publiée en ligne dans le « Jama », cette étude française reprend les données de registres nationaux de mortalité par infarctus du myocarde, établis sur un mois, tous les cinq ans entre 1995 et 2010 et concentrent 6 707 patients STEMI ( infarctus avec sus décalage de ST) admis en unités de soins intensifs.

Une baisse de 68 % en 15 ans

A 30 jours, la mortalité par infarctus du myocarde a chuté de 68 % entre 1995 et 2010. Parallèlement, la moyenne d’âge est passée de 66, 2 ans à 63,3 ans avec une diminution notable des 60-74 ans ; la proportion de patients jeunes, hommes et femmes, a augmenté et tout particulièrement celle des femmes âgées de moins de 60 ans, passant de 11,8 % à 25,5 %.

Ces femmes jeunes sont plus largement fumeuses (la proportion des fumeuses est passée de 37,3 % à 73,1 %) et obèses (la proportion des femmes obèses est passée de 17,6 à 27,1 %). La prévalence des facteurs de risque étant directement sensible à l’âge et au sexe, les facteurs habituels tels que l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie et le diabète sont moins marqués dans cette population.

Bien que les STEMI soient en nombre absolu plus fréquents chez les patients âgés, la proportion de femmes de moins de 50 ans s’est considérablement accrue passant de 3,7 % en 1995 à 11,1 % en 2010. Ces observations vont de pair avec l’augmentation de la consommation tabagique dans cette même population au cours des 30 dernières années.

L’angioplastie primaire plus fréquente chez les plus de 75 ans

Les délais entre le premier symptôme et l’appel aux services d’urgence ont diminué grâce aux campagnes nationales de prévention menées par les autorités de santé. L’utilisation des techniques de reperfusion a augmenté de 49,4 % à 74,7 %, en particulier le recours à l’angioplastie primaire (de 11,9 % à 60,8 %) notamment chez les sujets de plus de 75 ans, avec parallèlement une diminution de l’utilisation de la fibrinolyse, de - 23,6 %.

L’utilisation des traitements médicamenteux recommandés dans les 48 heures s’est également accrue au cours de ces quinze dernières années : l’utilisation précoce des bêtabloquants est passée de 65,2 % à 80,7 %, celle des ARAII/IEC de 47,7 % à 64,8 % (p ‹ 0,001) avec un bon des statines qui passent de 9 % en 1995 à 89,9 % en 2010 (+ 80 ,1 %, p ‹ 0,001 ). De la même façon, les anti-thrombotiques sont plus largement utilisés durant les 48 premières heures : le recours aux HBPM est passé de 27,4 % en 2000 à 62,3 % en 2010 alors que dans le même temps l’utilisation d’héparine non fractionnée a diminué de - 51,7 %, (p ‹ 0,001).

La France n’est toutefois pas isolée. Des données similaires sont observées aux États-Unis et en Angleterre et incitent à renforcer les messages de prévention vers les femmes jeunes.

Congrès de l’ESC et « Jama », publié en ligne 27 aout 2012.

 Dr ANNE TEYSSÉDOU-MAIRÉ

Source : lequotidiendumedecin.fr