« L’automesure a beaucoup d’avantages car elle pousse le médecin à parler de la physiologie de la pression artérielle mais aussi à expliquer les termes de pression artérielle systolique et diastolique » explique le Pr Xavier Girerd (Hôpital Pitié Salpêtrière, Paris). « La mesure de la pression artérielle par le patient lui fait prendre conscience de la variabilité tensionnelle, et sa compréhension lui permet de mieux s’approprier sa maladie ». Selon la Société française d’hypertension artérielle*, il est désormais recommandé de mesurer la PA en dehors du cabinet médical pour confirmer l’HTA, avant le début du traitement antihypertenseur médicamenteux, sauf HTA sévère. Les conditions de mesure et la standardisation du recueil des chiffres (selon la règle des trois) sont là pour montrer qu’une HTA est une hypertension qui persiste au-delà des conditions de stress… Ce que ne savent pas les patients, qui attribuent habituellement l’hypertension au stress. C’est aussi assurer au patient qu’on ne débutera pas le traitement s’il n’y a pas de certitude diagnostique d’HTA. Dans ces recommandations*, la société savante note que « la reproductibilité de la mesure de la PA est meilleure en automesure (AMT) et en MAPA qu’au cabinet médical ». Au départ, l’AMT a le mérite d’éliminer l’effet blouse blanche et un traitement injustifié. Elle peut aussi conduire au diagnostic d’HTA masquée qui concerne 15 % des hypertendus suivis.
L’automesure dans le suivi aussi
Dans le cadre du suivi de l’hypertendu, il est recommandé de mesurer la PA en dehors du cabinet médical, en particulier lorsque la PA n’est pas contrôlée en consultation. « Je demande à mes patients de faire une série d’automesures avant chaque renouvellement de traitement » affirme le spécialiste. Mais tout n’est pas rose dans le monde de l’automesure : il y a un épuisement après l’enthousiasme de l’achat de l’appareil d’auto-mesure. Lorsqu’elle est contrôlée, la pression artérielle est remarquablement stable d’une année sur l’autre. « J’entends des patients qui me disent que leur pression artérielle normale en automesure indique qu’ils sont donc guéris. Mais c’est pour nous l’occasion de reparler du risque cardiovasculaire ou de la tolérance du traitement », indique le Pr Girerd.
Il y a un profil psychologique qui n’est pas adapté à l’automesure : toute la cohorte des obsessionnels, hypochondriaques, anxieux et pointilleux qu’il faut savoir identifier. Certains patients peuvent être tentés de surinterpréter ou de présenter des cahiers entiers de chiffres. À l’inverse, on rencontre aussi de rares réticents, les « je ne veux pas savoir, ça m’angoisse » ou les HTA résistantes qui font la politique de l’autruche ou les patients pour lesquelles l’HTA est l’explication ultime de tous leurs maux. « Il faut alors recadrer les choses et être parfois plus directif » conseille le spécialiste.
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