La presbyacousie débute vers 55-60 ans par une difficulté à suivre une conversation dans le bruit (cocktails, restaurant), comprendre les messages en situation réverbérante (halls de gare). Elle s’installe sournoisement et s’accentue avec l’âge.
Le handicap auditif est situationnel, lié au niveau d’interactions sociales (vie active, associative ou… inactive). En moyenne, l’appareillage intervient avec 7 années de retard.
La société stigmatise le déficit sensoriel auditif lié à l’âge, à la différence du déficit visuel. Le presbyte a besoin de lunettes, pas d’« appareillage », d’« aide » ou de « prothèses » visuelles.
Prise en charge dans un circuit de l’audition
Cette stigmatisation du handicap auditif, sa connotation péjorative au vieillissement et le prix élevé des audioprothèses freinent la prise en charge. Mais, souligne le Dr Xavier Perrot, Service d’audiologie et d’explorations orofaciales au Centre Hospitalier de Lyon Sud, le frein majeur vient du fait que « la correction du déficit auditif demande adaptation, apprentissage et entraînement. À défaut, les prothèses finissent au fond du tiroir ».
Le Dr Xavier Perrot insiste sur l’importance de prendre en charge et accompagner le patient dans un circuit de l’audition pluridisciplinaire avec des interactions entre les différents intervenants, comme le recommande le GRAP santé (Groupe de Recherche Alzheimer, Presbyacousie, Santé).
Le médecin traitant
Tester l’audition fait partie de l’examen de routine chez un patient âgé. « Dépister la presbyacousie est simple, il suffit d’y penser pour faire le diagnostic. Le patient entend-il la voix chuchotée à 5 mètres ? Comprend-il quand on lui parle en mettant la main devant la bouche ou en lui tournant le dos pour tester l’audition sans la lecture labiale ? S’il ne comprend pas, c’est le moment de s’enquérir des difficultés d’audition.
La déficience auditive ne pose pas qu’un problème de communication. Elle a des répercussions sur l’humeur et l’état de santé général et constitue un facteur de risque de déclin cognitif, indépendant de l’âge et des comorbidités », explique le Dr Perrot.
L’ORL
L’examen ORL élimine toute autre cause d’hypoacousie, précise l’indication et le moment d’appareiller : ni trop tôt, ni trop tard. L’avis de l’ORL est décisif dans le cheminement du patient vers la nécessité et l’intérêt d’un appareillage.
L’audioprothésiste
L’essai gratuit sur quelques semaines fait partie des règles de bonnes pratiques. Le prix comprend les réglages et le suivi sur plusieurs années, à la différence des achats sur internet.
Mais, indique le Dr Perrot, « Même de très bonne qualité et correctement réglé par l’audioprothésiste, l’appareillage ne permet pas d’entendre les sons comme auparavant. La prothèse est un soin palliatif au dysfonctionnement de l’oreille interne. Les patients doivent être préparés psychologiquement : il n’y aura pas de retour à la normale. Il faudra qu’ils réapprennent à interpréter ce qu’ils entendent. Plus l’appareillage est précoce, meilleure est l’adaptabilité du cerveau. »
L’orthophoniste : Réapprendre à entendre
De nouvelles stratégies d’écoute sont à développer. Le Dr Perrot « conseille de compléter l’appareillage par une rééducation orthophonique (une dizaine de séances). Cette rééducation entraîne le patient à interpréter de manière efficace les nouveaux sons entendus, en les faisant correspondre aux sons mémorisés, notamment dans des situations bruitées et en s’aidant si besoin de la lecture labiale ».
Il rappelle enfin l’importance de « prévenir à tout âge et par tout moyen (bouchons d’oreilles…), les traumatismes sonores professionnels ou de loisirs (tondeuse à gazon...) qui s’ajoutent aux déficits liés à l’âge ».
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