Ce sont les hommes essentiellement qui consultent pour des troubles de la sexualité, mais les femmes, susceptibles de les accompagner, s’expriment plus volontiers qu’autrefois sur ces sujets, même à un âge avancé. Il n’existe pas de norme en matière de sexualité, la liberté de l’un s’arrêtant où commence celle de l’autre…
Au médecin d’éduquer son patient, et en l’occurrence, de lui démontrer que bien évidemment, avec l’âge, la sexualité ne peut être la même qu’à 30 ans et de lui rappeler qu’une sexualité satisfaisante n’est pas synonyme de rapports avec pénétration.
Allongement de la période réfractaire
À ces transformations malvenues, plusieurs explications : le niveau d’excitation requis pour obtenir une érection est plus élevé ; la durée de l’érection diminue et l’érection matinale disparaît : on ne fonctionne à l’évidence plus de la même façon. Par ailleurs, cet événement physiologique, vasculotissulaire, de l’érection s’altère ave l’âge. Ainsi, le premier facteur de risque de dysfonction érectile (DE), qui est aussi un marqueur de maladie cardiovasculaire, est l’âge. La période réfractaire, entre deux rapports, s’allonge également avec l’âge. Enfin, plus les hommes vieillissent et plus ils souffrent de troubles du bas appareil urinaire (TUBA), pollakiurie nocturne, dysurie (difficulté à vider la vessie), etc., possiblement liés à une hypertrophie bénigne de la prostate certes, mais aussi à facteurs de risque indépendants de troubles de la sexualité (dysfonction érectile ou difficultés d’éjaculation, ce qui se traduit par un moindre volume d’éjaculat, à moindre puissance, des sensations émoussées, voire une éjaculation douloureuse), des troubles d’autant plus fréquents que les TUBA sont sévères.
C’est donc l’ensemble de l’appareil uro-génito-sexuel qui vieillit et si le patient se plaint d’une sexualité défaillante, il est conseillé de s’intéresser à son bas appareil urinaire, et inversement.
Iatrogénie médicamenteuse
Argument supplémentaire pour évoquer ces correspondances entre troubles urinaires et troubles de la sexualité, une éventuelle iatrogénie médicamenteuse : en effet, traiter des troubles mictionnels peut provoquer des troubles sexuels. Ainsi, les inhibiteurs de la 5 α-réductase produisent (chez moins de 10 % des patients) une diminution de la libido et deux alpha-bloquants, tamsulosine et silodosine, sont à l’origine d’une absence d’éjaculation (chez un homme sur trois traité tout de même pour la seconde molécule).
Dernière cause de troubles de la sexualité, le déficit partiel en androgènes de l’homme vieillissant. Cette sorte d’andropause concerne certains patients dont les testicules fabriquent moins de testostérone. À la clé, une moindre appétence pour la sexualité (qui n’encourage pas à consulter) et, dans une moindre mesure, une DE. Une supplémentation en testostérone peut être indiquée en cas de fatigue, perte de l’énergie vitale, troubles de l’humeur quand ces symptômes sont associés à des troubles de la sexualité à type de moindre désir, la partenaire s’en plaignant. « L’efficacité d’un traitement d’épreuve par la testostérone est mesurée sur la clinique uniquement (la sensibilité à l’hormone étant éminemment variable d’un individu à un autre) et le risque de voir apparaître un cancer prostatique pour ce motif est infinitésimal », rassure le Pr Giuliano.
Sur ce chapitre de la sexualité, les femmes expriment naturellement moins de demandes : manque de désir (un nouveau médicament est annoncé dans les deux ans…) et sécheresse vaginale à traiter par les petits moyens habituels.
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